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 Les couloirs

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AuteurMessage
Maybel
Sorcière D'Irianeth / Herboriste
Maybel


Messages : 5
Date d'inscription : 30/04/2011
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Âme Soeur : /
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MessageSujet: Les couloirs    Les couloirs  Icon_minitimeSam 28 Mai - 0:01

Ses pieds nus foulaient le sol de terre battue tandis qu'un vent frais faisait valser les feuilles mortes autour de ses chevilles, amenant avec lui cette humidité ambiante, quelque peu morbide, et cet odeur de décomposition qui planait dans l'air. Elle était en pleine forêt. Du moins, semblait-il. Les troncs et les branches des arbres se découpaient sur les ténèbres environnantes, telles des silhouettes décharnées aux doigts tordus. Sans savoir pourquoi, elle avançait, d'un pas lent, fixant le chemin de terre battue qui ne semblait pas avoir de fin, une angoisse grandissante lui oppressant la poitrine. Une voix murmurait son nom. Ni homme, ni femme, la voix l'appelait sans relâche. Une voix désincarnée, inhumaine.

- Maybel... Maybel...

Dans ces chuchotements perlait un rire moqueur, satirique, comme celle d'un bourreau tournant autour de sa future victime. Comme sa propre voix. Et toujours, elle avançait, angoissée, son coeur battant la chamade. Chacun des battements de celui-ci se répercutaient dans sa tête tel un véritable bruit de tonnerre qui la faisait trembler de tout son corps, qui la faisait flancher toujours un peu plus. Elle craignait le tonnerre. Il grondait fort. Il laissait exploser sa colère sur tout ce qui l'entourait, déchaînant sa rage et sa force à des kilomètres à la ronde. Les battements de son coeur s'accéléraient. Une impression désagréable vint lui enserrer la poitrine alors qu'elle quittait le sentier des yeux pour observer les bois sombres. On l'observait. Quelqu'un ou quelque chose était ici, pour elle. Cette chose l'attendait.

Elle baissa les yeux sur sa robe. Toute de blanc vêtue, elle ne portait qu'une simple tunique avec laquelle le vent valsait, tourmentant le tissus léger. Puis, tandis qu'elle observait ses pieds, la voix se clarifia, pour se transformer en celle d'une enfant. Avec le même ricanement mauvais, elle ne se lassait pas de murmurer le nom de la belle. May redressa brusquement la tête et se trouva face à une petite fille âgée d'environ 8 ans, ses cheveux bouclés lui atteignant les épaules, sa robe de nuit tachée de sang. Dans ses yeux brillaient une lueur étrange, rancunière, meurtrière, vengeresse. Cette enfant, cela Maybel le savait, faisait partie de ceux qui se trouvaient au royaume de Diamant, le soir où elle avait mis un terme à la vie de son bourreau. Des cernes noirs leur conféraient un aspect effrayant tandis que son petit visage pâle avait pris des teintes bleutées. Les lèvres de l'enfant étaient noircies et son corps décharné était amaigri. Un cadavre. Un cadavre dont des lambeaux de chair tombaient en morceaux. L'odeur de l'humus en décomposition que Maybel avait senti au début s'était transformée en une odeur pestilentielle, celle d'un corps en putréfaction. Incapable de bouger, la sorcière semblait désormais encrée dans le sol de terre battue, tandis qu'elle fixait de ses iris verts la petite qui s'avançait vers elle, les bras tendus.


- C'est à ton tour de souffrir, à ton tour... à ton tour!

La petite voix s'intensifia, jusqu'à se multiplier. Un écho incessant pris possession de l'esprit de la créature sylvestre, qui plaqua ses paumes contre ses oreilles pointues en serrant les dents. Entre les arbres sombres, des silhouettes se découpaient de plus en plus clairement, tendant eux aussi leurs bras maigres vers la demoiselle aux cheveux roux, qui était incapable de bouger. Les battements de son coeur devenaient de plus en plus rapides, jusqu'à lui en déchirer la poitrine, les voix étaient plus nombreuses, criaient presque. Des doigts s'entremêlaient à sa chevelure bouclée, touchaient ses épaules, son cou. Serraient son cou. Trop fort. Ses hanches. Ses bras. Elle suffoquait. L'enfant était devant elle et tendait ses bras décharnés vers son corps. Elle allait étouffer. Les cadavres ambulants se ruaient sur elle, égratignant sa peau, l'agrippant avec de plus en plus de force. Puis, une douleur fulgurante lui transperça le ventre. Paniquée, elle posa les yeux sur ce dernier, où une lame s'était enfoncée, celle de son propre poignard. Du sang s'écoulait de la plaie béante, sans qu'elle ne puisse l'arrêter, et les voix ne cessaient de crier son nom. Le visage défiguré de Raaghan, celui qui l'avait arrachée à sa famille lorsqu'elle était enfant, lui apparu parmi la foule qui s'agglutinait autour d'elle. C'était lui qui venait de la blesser. Il repoussa les autres et se fraya un chemin jusqu'à elle, ses mains décomposées l'agrippant par les épaules et la plaquant soudainement durement au sol. Elle tenta de crier, mais elle en fut incapable. Comme lorsqu'elle avait quinze ans. Une petite fille sans défense plongée dans un mutisme total face à l'horreur qu'était devenue sa propre existence. Voilà ce qu'elle était. Il l'a maintint fermement au sol, et plaqua une main froide à la chair manquante contre sa jambe droite. En lui égratignant profondément la peau, il remonta jusqu'au galbe de sa hanche. Ses lèvres se retroussèrent en un rictus méprisant et dans ses yeux perlait une lueur perverse. Il allait la violer. Elle le savait. Un rire mauvais franchit les lèvres noircies de l'homme, comme il aurait pu franchir les lèvres de la sorcière dans une autre situation.

- Espèce de garce! Siffla l'homme entre ses dents. Meurtrière! Je vais t'apprendre ce que l'on fait à des êtres comme toi! Tu es et resteras une moins que rien jusqu'à ta mort! Personne ne peut te protéger! Personne!

La poitrine de la jeune femme se soulevait au rythme de sa respiration accélérée lorsqu'elle réussit enfin à bouger. Elle se débattit férocement, le martelant de coups de poings, de coups de pieds, lui plantant ses ongles dans la peau. Les autres observaient la scène en souriant froidement, spectateurs morbides. Tous, se contenaient de répéter ce mot: assassin. Ils le chantaient, presque. La belle se mit à hurler. D'un hurlement à fendre l'âme. Celui qui témoigne du désespoir à l'état pur. Le désespoir d'un être qui lutte pour sa vie. Qui suffoque. Qui sombre. Elle allait mourir noyée sous ces regards oppressants, écrasants, sous ces mains visqueuses et décharnées. Elle manquait d'air.

Puis ce fut le néant.



~°~°~°~°~°~°~°~


Elle hurla à s'en déchirer les tympans en se redressant brusquement dans son lit défait. Pendant un bref instant, elle se débattit farouchement contre le vide, semant la pagaille dans la multitude d'oreillers et de couvertures qui recouvraient son lit. May posa les yeux sur les ténèbres qui l'entouraient, celles de sa chambre. Peu à peu, elle cessa de se débattre, essoufflée comme jamais, puis parcouru la pièce des yeux, avec l'impression que les mains décharnées s'agripperaient à un moment ou à un autre à ses chevilles ou à ses cheveux. Elle alluma une simple bougie, comme une véritable gamine qui aurait peur du noir, puis sa respiration s'accéléra considérablement alors qu'elle posait les yeux sur ses avants-bras, où des marques d'ongles avaient laissé de longues traces profondes. À certains endroits, le sang coulait des blessures sommaires. Paniquée, elle repoussa la couverture et souleva sa robe de nuit. Ici aussi, les mêmes longues traces d'ongles avaient imprégné sa peau blanche sur toute la longueur de sa cuisse droite, sur sa hanche et se dirigeaient vers son bas ventre. La sorcière posa à nouveau les yeux sur la pièce afin de s'assurer que personne ne s'y trouvait. Son regard glissa alors sur ses propres ongles, lesquels étaient recouverts de traces de sang visibles, même dans la faible luminosité dégagée par la chandelle.

Elle devenait folle. Ou peut-être, en fin de compte, l'avait-elle toujours été. Ressentant tout à coup l'oppression de la solitude à l'état pur, le vide vertigineux qui lui grugeait l'âme, la sombre créature se mit à trembler, ses bouclettes rousses retombant mollement autour de son visage de poupée. Pour la première fois depuis des lustres, elle pouvait avouer qu'elle avait peur. Réellement peur. Elle n'aurait su dire de quoi exactement, si ce n'était que c'était malsain. Même pour elle, pour son âme pourrie et souillée et on ne peu plus malsaine. Ce qu'elle ressentait était de l'angoisse à l'état brut.

La sombre demoiselle s'écrasa dans les coussins, son coeur battant toujours la chamade, puis replia ses jambes contre sa poitrine. L'être égoïste et manipulateur qu'elle était ne s'était jamais soucié de quoi que ce soit, mis à part de sa petite personne. Cependant, aujourd'hui, cette petite personne si fragile, était en danger. Sa seule véritable crainte était elle même. La seule qui risquait de la détruire à petit feu, plus que n'importe quel autre ennemi, c'était elle.Lentement, elle alla revêtir une tunique sombre et moulante, mettant en vedette ses formes avantageuses et sa tignasse flamboyante. Sa cape rouge écarlate et ses bottes noires complétaient le tout. Lorsqu'elle fut bien réveillée, pomponnée et certaine qu'elle attirerait l'attention, la belle quitta ses quartiers et se glissa dans les dédales de couloirs de la forteresse noire. Encore déboussolée par son rêve étrange, elle tentait de maîtriser sa panique et se contentait, lorsqu'elle croisait un être vivant dans le couloir, de lui décroché son sourire le plus ravageur. Une envie irrésistible de s'amuser s'était emparée d'elle, sans doute pour chasser l'angoisse qui lui tenaillait les entrailles. Repoussant sa tignasse imposante derrière ses épaules, elle s'apprêtait à tourner le coin de l'un des nombreux couloirs mal éclairés lorsque soudain, elle se heurta violemment à un obstacle, ou plutôt à quelqu'un qui se dirigeait en sens inverse. Qui osait donc se pointer dans son chemin? Les sourcils froncés, une moue boudeuse affichée sur son visage de porcelaine, la créature redressa la tête vers l'individu qui se trouvait devant elle.
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