Pourquoi toi...pourquoi moi....pourquoi nous.... ? [Pv Lolo]

Un dur entraînement avec son maître venait de se terminer. Tout le corps d'Alec y comprit le bout des doigts le faisait souffrir. Dès qu'il remuait le moindre muscle, il sentait une douleur lancinante et aigüe à travers ledit muscle. De plus, il faisait extrêmement chaud en cet fin d'aprè-midi d'été. Le soleil brillait et ses chauds rayons réchauffaient tout le château d'emeraude. C'est pourquoi, trempé de sueur et tremblotant de fatigue, Alec décida de faire un petit tour aux bains pour se laver et dénouer ses muscles. Il quitta donc son maître sans un au revoir, sans un seul mot et rentra dans le château.

Ses membres tremblaient de fatigue. Il devait avancer en rasant les murs pour le soutenir. Les serviteurs qu'il croisait lui jetèrent des regards courroucés. Mais Alec s'en fichait. Il arriva bientôt devant les bains. Il ouvrit la porte et entra.

La vapeur y était effroyablement dense. On ne distinguait rien de rien. Mais la gigantesque salle de bain était magnifique. Des robinets en or s'alignaient sur le mur qui entourait l'énorme baignoire. Alec soupira. Ici, il n'y avait personne. Il était tranquille. Il n'y avait pas beaucoup d'hommes dans l'ordre. Deux en fait. L'indécrottable Snow et lui. Il s'arrangeait toujours pour ne pas se retrouver dans les bains en même temps que son Chef. En dehors du fait qu'Alec était assez pudique, un face à face entre les deux ennemis jetterait sûrement un grand froid dans les bains. Ainsi Alec était toujours seul quand il se lavait et se purifiait. Et cela lui plaisait. Le jeune Porteur de Lumière posa sa serviette sur un banc et retira sa tunique, ses bottes, ses chaussettes et son pantalon. Le tout entièrement noir bien entendu. Il s'approcha de la baignoire. Un détail lui fit hausser les sourcils. La baignoire était remplie. Snow avait sûrement oublié de la vider quand il était parti. Yerk ! se laver dans la même eau que Snow  ! beeeerk ! hors de question !

Le hic était que le trou pour vider la baignoire au centre. Il allait devoir se glisser dans l'eau et nager jusqu'au centre afin de vider la baignoire. Yerk ! M'enfin, s'il fallait ça pour qu'il puisse se laver dans une eau propre...

Nu comme un vers, Alec se glissa dans l'eau. Un frisson de contentement lui parcourut le corps. L'eau était délicieusement chaude. Comme il avait encore pieds et que nager lorsqu'on avait pieds était assez inconfortable, pour lui en tout cas, le jeune garçon pataugea jusqu'au centre. Il avançait un peu à l'aveuglette, puisqu'il ne voyait rien dans cette foutue vapeur. Puis, il se redressa, l'eau s'arrêtant au niveau de son nombril, pour actionner la commande qui permettait de vider la baignoire.

La chance est parfois avec nous, parfois contre nous. Ce jour là, la chance fut un peu des deux côtés pour le jeune Porteur de Lumière. Au moment présent, la chance voulut que Alec dérape légèrement. Le tibia du jeune garçon percuta un obstacle.

Le coeur de Alec manqua un battement. Il y avait quelque chose dans l'eau. Et pas n'importe quoi. Il venait de percuter un...dos humain. Snow était dans les bains ! Toujours redressé, Alec recula et fit face à l'obstacle. Mais le souffle d'air que provoqua Alec en se déplaçant fit déplacer la vapeur et le jeune garçon put apercevoir le visage d'en face.

-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaarrrrrrrrrrrg !

Alec recula brutalement, perdit l'équilibre et s'écrasa dans l'eau dans un grand splash. Il but la tasse puis remonta à la surface en agitant frénétiquement les bras. Il crachota, la gorge remplie d'eau. L'eau lui sortait par la bouche et par le nez. Il secoua la tête puis il fit la seule chose à faire. Il se mit à courir vers l'endroit opposé. C'était parfaitement ridicule de galoper ainsi mais il s'en fichait.  Puis il s'accroupit dans l'eau, le liquide bleu jusqu'à la poitrine et se colla contre le mur pour dissimuler son corps. Pourquoi cette peur soudaine ? parce que quelqu'un était présent dans cette baignoire. Et pas n'importe qui.

Une fille.

Loeïza.

Et de l'autre côté de la baignoire, se trouvait.

Un garçon.

Alec.

CQFD ?

En tout cas, Alec lui, avait très bien QFD. Il vira à un joli rouge tomate et se colla son bras contre ses yeux pour ne pas voir le corps de Loeïza même si la vapeur dissimulait tout, on ne savait jamais. (Réaction qui arrive bien après le mal commit mais Alec était un garçon, et dans ces situations, les garçons sont trèèès souvent longs à la détente, sauf que dans le cas d'Alec, c'était qu'il était beaucoup trop surpris pour réagir). Mais comme on est jamais trop prudent, le jeune Porteur de Lumière colla son deuxième bras en plus sur ses yeux. Il ne voyait pas Loeïza et Loeïza ne le voyait probablement pas, mais le jeune garçon le prit très mal.

-Meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeerde Loeïzaaaaaaaaaa, pas ici, retourne dans tes bains, pas là, pourquoi, maiiiiiiiiis va-t'eeeeeeeeeen, dééééégageeeeee, fouuuuuuus le camp !  servieeeeeeeette, aaaaaaaaaarrrg !

Le jeune garçon frôlait la crise d'hystérie. Sa voix avait monté d'un octave et il frôlait à présent les aigues. De plus, il mélangeait tous ses mots. Mais cette réaction était tout à fait normal pour un gamin de son âge. Imaginez vous dans cette situation et vous comprendrez ce que le pauvre porteur de Lumière pouvait ressentir, lui qui n'avait rien demandé à personne si ce n'était qu'on lui foute la paix. Pas assez vieux pour apprécier cette situation mais assez âgé pour la comprendre. Sur le coup, Alec ne comprit pas tout de suite que c'était lui qui n'avait rien à faire là, qu'il s'était tout simplement trompé de bains et était entré dans celui des femmes. Mais là, il était dans une situation plutôt inconfortable, il était dans l'eau jusqu'au cou, aveugle vu la présence de ses bras sur ses yeux et complètement désorienté car il ne savait plus dans quelle endroit de la baignoire il était, où était Loeïza, bref, le néant absolu !

[C'est quoi CQFD et QFD?]




[J'adore XD ]

-Et pas la peine de gueuler! On voit rien idiot! Mais quesque tu fous là! T'est pas une fille à ce que je sache! T'est malade?!

Au son de la voix de Loeïza, le hurlement d'Alec faiblit. Une lueur d'intelligence fitra à travers son regard éteint et ses yeux rouges fixèrent le point d'où venait la voix. Lentement, il ferma la bouche. Son teint tomate retrouva petit à petit sa pâleur de craie. Le jeune homme se drapa dans les lambeaux de sa dignité et se redressa. Il balança sa réplique, toujours aussi désagréable et méchant.

-Désolé, tu as peut-être envie d'être vue complètement nue mais en ce qui me concerne, je préfère éviter. Et ce n'est pas de ma faute....

Il s'interrompit. Avouer ce pourquoi il était là était un peu humiliant. Histoire de se sauver un peu la face, le jeune homme laissa traîner son regard vers l'endroit d'où venait la voix. Même s'il ne voyait rien, avec un peu de chance, Loeïza sentirait le regard de Alec sur ses formes d'adolescentes et piquerait un fard. Il laissa un peu traîner son regard avec un petit sourire narquois au coin des lèvres, puis, il jugea préférable de dire pourquoi il était présent. Le Porteur de Lumière concentra toute sa dignité dans sa voix. Il continua d'une voix grave et orgueilleuse pour apaiser sa bêtise et son orgueil blessé.

-Je me suis trompé de bains.

Le jeune garçon avait enfin réalisé que ce n'était pas les bains pour hommes. Ceux-ci étaient beaucoup plus grands, en raison du nombre de femmes. Mais Alec n'allait pas s'attarder sur ce sujet. Il plaqua ses mains sur ses yeux rouges et commença à se diriger dans le bain. Mais alors qu'il progressait à la vitesse d'un escargot suisse, il sentit une vive douleur lui cuir le front et un gros choc. Il fut légèrement projeté en arrière. Le jeune Porteur de Lumière venait tout simplement de percuter un mur. La vraie honte pour le futur sauveur d'Enkidiev. Il avait intérêt à affronter, si combat il y aurait; l'Empereur Noir à l'extérieur. Alec se frotta le front en poussant une succession de jurons puis pivota. Il reprit son étrange progression et re percuta un autre mur. Et là, il fit fort. Le jeune garçon fut projeté en arrière avec deux belles bosses sur le front. Oui, quand on ne voyait rien, on avait généralement du mal à se déplacer et quand on était furieux et pressé de quitter un endroit, on ne pensait pas forcément à utiliser ses pouvoirs pour se sortir du ledit pétrin. Alec poussa une nouvelle succession de jurons. Il venait de terminer quatre heures d'entraînement intensifs, son corps était faible, il aurait perdu tous les rounds face à un combat titanesque contre un chaton nouveau-né et il se retrouvait coincé dans un bains, nu comme un vers avec une fille. Gééénial. Et vapeur ou pas, c'était un tantinet problématique tout de même !

Alec s'arrêta. Il pivota et progressa prudemment vers le centre des bains. Il croisa les bras, se redressa et regarda autour de lui :

-Est ce que tu pourrais m'aider à trouver la sortie S'IL TE PLAÎT ?!


HRP : CQFD est, en maths, l'abrévation de : Ce Qu'il Fallait Démontrer. Là je l'utilise pour genre, vous avez compris ? et QFD, c'est une plaisanterie, une forme d'humour personnelle genre si on décompose, ça fait : C QFD ? c'est QFD ? genre, c'est compris ? Alec avait très bien QFD = Alec avait très bien compris x)

-Oh, biensûr!

Ah, elle allait enfin l'aider et arrêter de rire comme une baleine. C'était franchement pas trop tôt. Le jeune garçon passa machinalement une main dans sa chevelure trempée et croisa les bras. Un glougloutement d'eau lui parvint aux oreilles Loeïza se rapprochait de lui. Les petits poils de la nuque du Porteur de Lumière se hérissèrent quand la jeune fille posa une douce main sur son épaule. A ce contact humain, le bras d'Alec trembla mais il ne se dégagea pas. Loeïza l'éloigna du mur et le conduisit vers l'escalier aquatique. Alors que le jeune garçon allait se dégager brutalement et gravir les marches, la main de la jeune fille quitta son bras et passa dans son dos. Le Porteur de Lumière n'eut pas le temps de réagir. Loeïza le poussa brutalement dans le dos et pour la troisième fois de la journée, Alec s'écrasa dans cet affreux liquide.

Pendant un court instant, il barbota ridiculement dans l'eau puis, crachotant et jurant, il se redressa. Loeïza éclata d'un rire cristallin et lui balança une belle réplique complètement naze au goût d'Alec. Celui-ci secoua la tête et sa chevelure trempée envoya milles gouttelettes. Le jeune garçon fixa la jeune fille de son regard de mort. Sans un mot, il se redressa. Le Porteur de Lumière agita la main. Son pantalon et son T-Shirt volèrent jusqu'à lui. Il les attrapa et les enfila rapidement, insensible au fait qu'il était trempé et qu'il trempait par la même occasion ses affaires. Mais sa fichue magie échappa à nouveau à son contrôle. Les vêtements de Loeïza suivirent et allèrent se jeter dans les bras de la jeune fille qui les enfila. Alec fixa à nouveau la jeune fille. N'importe qui qui aurait assisté à la scène se serait dit : Tu vas voir la claque qu'il va lui mettre...il va lui arracher la tête".

-Je suis désolé, Loeïza, dit Alec.

Puis il la regarda à nouveau et un sourire narquois étira ses lèvres. Un sourire vraiment méchant. Mauvais.

-Nan je plaisante. J'suis pas désolé.

Le Porteur de Lumière se redressa et se jeta sur la jeune fille. Les deux gamins s'écrasèrent et roulèrent dans l'eau. Lors de leur bataille, Alec sentit ses joues lui faire mal. Il sentit les commissure de ses lèvres s'étirer. Et son rictus méprisant disparut. Un sourire, un vrai sourire s'étala sur ses lèvres. Le premier en douze ans.

Et un son étrange sortit d'entre ses lèvres. Un rire. Le rire de Alec était magnifique. Un rire d'enfant, un rire qui faisait écho à son enfance perdu. La haine disparut de ses yeux, remplacée par la lueur de vie d'un enfant. Alec riait, bien malgré lui. Un rire d'enfant qui jouait.

Cela allait lui passer. Bientôt, dans quelques minutes peut-être, il redeviendrait le Alec haineux et maussade. Il faudra du temps, des mois, des années pour qu'il se socialise. Cela n'allait pas durer. Mais il fallait en profiter. Les deux gamins roulaient dans l'eau. Un petit instant de quelques minutes qu'avait volé son père et l'orphelinat.

Une pause, dans une vie de haine et de souffrance. La mi-temps. Avant que ne reprenne la vie du Porteur de Lumière...


HRP : Je hais mon poste mais bon :p

Loeïza pleurait carrément de rire. Les larmes roulaient sur ses joues. Aux premiers abords, le jeune garçon se demanda pourquoi elle pleurait. Peut-être avait-elle mal ? mais pourquoi riait-elle si elle avait mal ? mais bon, c'était une fille et les filles sont bizarres hein ! Étrange chose, mais Alec se fit la réflexion que la jeune fille rirait beaucoup moins si elle apprenait que c'était le jeune garçon qui avait tué sa meilleure amie..Enfin, disons plutôt qu'il avait participé à la mort de Lïana. Il l'avait peut-être un touuut mais alors un tout tout petit peu poussé dans les escaliers. Mais pas sa faute ! il avait trébuché ! si si si ! Résultat, roulé-boulé de plusieurs étages pour finir proprement en bas, corps disloqué et traumatisme crânien . Le seul mot qu'avais alors prononcé Alec fut un petit "oups". Il avait alors émit un petit ricanement, avait croisé les bras dans son dos et avait tourné les talons en sifflotant affichant un air innocent du genre : "Comment ça ? MOI j'ai poussé Lïana ? meuh non, c'était juste pour rigoler tsé." Mais bon, sa petite blague amusante avait tout de même apporté la mort de la jeune fille aux cheveux bleus, ce qui ramenait une valeur sûre : On peut faire des blagues sur tout, mais pas avec n'importe qui. C'est sûr, ça aurait été nettement plus rigolo si c'était Snow qui avait été disloqué mais il était un poil trop grand. Alec était dingue mais pas stupide.

Là, on pouvais tout de même se demander si Alec était pas un peu dingue sur les bords. Le rire de Loëiza lui rappelait la mort de Lïana. Il était en train de jouer comme un gamin de son âge et lui, tout ce à quoi il pensait, c'était à son ommiscide presque involontaire. Il avait une araignée au plafond, c'était pas possible. Yerk ! m'enfin, le Porteur de Lumière et la Jeune Fille continuaient de se chamailler comme des gamins. Jusqu'au moment où Alec vit l'intense regard de Loeïza. Aussitôt, une alarme se mit à tinter dans sa tête. Il se redressa à la surface et s'éloigna un peu. Il fixa la jeune fille avec un air méfiant. Envisageait-elle de l'attaquer ? Voulait-il lui sauter à la figure ? Le Panthéon divin seul savait ce qui pouvait se passer dans la tête d'une fille.

-Pourquoi tu me regarde comme ça ?



HRP : Nan, le tien est très bien x) celui que je viens de faire est vraiment pourri xD

-Est-ce-que tu m'aimes, pas en amitié mais en amour?

Alors ça c'était bien la dernière chose à laquelle Alec s'attendait. Il dévisagea la jeune fille, déconcerté. Elle n'avait pas l'air bien. Peut-être un trop gros coup de soleil ? Déjà, il ne l'aimait pas en amitié, alors en amour ! Non, Alec n'aimait personne. Et c'était pas prêt de changer. Mais enfin, Alec n'avait pas envie de frapper ni d'insulter la jeune fille. C'était un début non ? Cette fille était vraiment...dérangeante, c'était le mot. Il ne savait plus où il en était. Autant avec les autres il arrivait à lire dans leurs esprits, cerner leurs peurs, les manipuler, autant avec elle, c'était impossible. Elle était tellement différente des autres. Le Porteur de Lumière passa une main hésitante dans ses cheveux de blés et répondit un truc du genre :

-Euh..j'sais pas...tu sais, j'suis pas....

J'suis pas quelqu'un de normal. Donc il ne faut pas me poser des questions normales. Loeïza commença alors à s'avancer vers lui. Une alarme se mit à tinter dans la tête d'Alec. Il sentit ses jambes se ramollirent. Un mauvais pressentiment lui écrasait le crâne. Ses foutus muscles ne répondaient plus. Il était prit au piège. Il devait empêcher ses mains de trembler, il devait desserrer le noeud qui lui nouait la gorge. Loeïza mettait énormément de temps pour arriver jusqu'à lui. Le coeur d'Alec retomba plus bat que sa place habituelle et sembla s'immobiliser dans les environs de son nombril. Le jeune garçon ressentait un désir ardent de se faire la malle, là tout de suite en la plantant là, mais en même temps, il était incapable de remuer. Elle s'était à nouveau rapproché de lui. Et ca y était, le cerveau d'Alec avait également donné sa démission. Tous les muscles et tous les organes du Porteur de Lumière semblaient l'avoir abandonné. Un procédé on ne peut plus déloyal. Alec avait la bouche sèche. Ses yeux étaient remplis de haine en regardant la jeune fille. Elle avait un début de pouvoir sur lui et il n'aimait pas ça. Diverses pensées se bousculaient dans sa tête. Son esprit n'était pas comme celui des autres. Il était plus dur à cerner. Les émotions se mélangeaient tellement.

*Je te déteste, si tu savais comme je te déteste*

Elle se rapprochait encore. Elle était encore plus près de lui à présent. Il pouvait voir chaque détail de son visage. Y compris les gouttes d'eau encore accrochées à ses cils. Une sorte de fourmillement parcourait le jeune garçon en lui paralysant les bras, les jambes, le corps tout entier. Trop près, beaucoup trop près...Tellement près que Alec commençait à loucher. Son visage se rapprochait de plus en plus. Au fur et à mesure, les yeux bleus de Loeïza se fermaient. De plus en plus près.

Chose curieuse. Quand les deux nez se frôlèrent et que les lèvres chaudes de Loeïza se posèrent sur celles, glacées d'Alec, la terre ne s'ouvrit pas. Le jeune garçon resta simplement planté là, tel un imbécile. La peau de la jeune fille était douce et son souffle incroyablement chaud. Il entrait en tourbillonnant et descendait au fond de sa gorge, se propageant dans tout son corps. Mauvais point, Alec ne lui rendit pas son baiser. Il resta simplement là. Bon point, Alec ne la repoussa pas. Une fois, une fille avait essayé de l'embrasser. Shiin était allée présenter ses condoléances à la famille. Espérons qu'un nouveau malheur ne se reproduirait pas. Agacé de loucher comme un abruti, Alec ferma les yeux. Puis le contact se rompit et Alec recula.

Il ne pipa mot. Il était en état de choc. Une partie de lui avait envie de hurler alors qu'une autre voulait s'enterrer sous le sol. Un silence régna un long moment dans les bains des dames du château d'Emeraude. Seul l'eau continuait de glouglouter. Les deux écuyers étaient des statues. Puis enfin, Alec ouvrit la bouche. Mauvaise idée.

-Hu...whsihgtagffrgtg.

Les mots se bousculèrent dans la bouche du jeune garçon et sortirent avant même qu'il n'ai le temps de les formuler correctement. Au moins sa langue et son cerveau remarchaient. Même s'il était totalement ridicule. Alec retenta le coup. On ne savait jamais. Cette fois-ci, les mots sortirent sagement les uns après les autres. Ils devaient sûrement sentir qu'ils n'avaient pas intérêt à contrarier Alec. Celui-ci ferma les yeux. Il inspira profondément et les rouvrit.

-Pou...pourquoi tu as...fait. Ça.

-Euh... B... Bah, je... je sais... pas.

Allons bon, voilà qu'elle aussi se mettait à bégayer elle aussi ! ces deux-là avaient sérieusement un vrai problème de communication ! Affalée dans l'eau, Loeïza rendait sa jupe transparente mais Alec forçait son regard à demeurer dans celui de la jeune fille. Il sentait que ce qui allait suivre n'allait peut-être pas plaire. Son coeur avait quitté son nombril pour remonter dans sa gorge.

-Roh mais merdeuh! Je t'a.i.m.e! Amour, sentiment, envie de quelque chose de nouveau! C'est ça que je veux et que je pense pouvoir avoir! Tu es mon âme sœur! L'élu de mon cœur! Tu vois pas une aura blanche autour de moi? Ouvre tes yeux, Alec d'Émeraude! On est fait l'un pour l'autre! Y'a quelque chose entre nous! Je le dit et je le répéterai si il le faut, mais je suis amoureuse, et pas de n'importe qui! De toi!

Ces mots transpercèrent le coeur d'Alec comme des milliers d'épines enflammées. Les yeux rouges d'Alec roulèrent dans leurs orbites, signe d'un intense bouleversement. Lentement, il vacilla, tandis qu'un torrent violent d'émotions s'affrontaient en lui. Un nouveau gros blanc suivit la déclaration de Loeïza. Lentement, comme une poupée désarticulée, Alec s'approcha de Loeïza. Ses mains se placèrent de chaque côté du visage de la jeune écuyère. Les yeux rouges sang plongèrent dans les yeux océans. La douleur émanait de la voix d'Alec.

-Je ne veux pas t'aimer ! Je suis né d'une union sans amour. Je ne peux pas aimer , je ne sais pas ! Je ne sais pas le faire, on ne me l'a jamais appris !

Des larmes brillaient dans les yeux d'Alec alors qu'il caressait lentement les épaules de la jeune fille, d'un air menaçant, comme s'il allait la tuer. Il recula et plia les bras, les mains levées vers le ciel, les doigts repliés, toute la douleur du monde dans sa voix.

-Je ne suis pas humain. J'ai peur du contact humain. Les gens me détestent et moi je détestent les gens ! et c'est ce qui me fait le plus mal ! Je les déteste pour le pouvoir qu'ils possèdent ! ils aiment, Loeïza, ils aiment, et moi je ne le peux pas ! Malgré mes pouvoirs, je ne pourrais jamais avoir celui là ! J'aimerais aimer quelqu'un, n'importe qui, être humain pour une fois dans ma vie, mais je ne peux pas ! Et ça, c'est ce qui me manque le plus au monde !

Les larmes de désespoirs roulaient désormais sur les joues d'Alec. Il tremblait de chagrin et de rage d'avoir révélé son secret enfoui. Il aurait volontiers frappé la jeune fille pour se venger, se venger de cette fille qui avait bouleversé sa façon de vivre, qui le faisait souffrir.. Cette fille était vraiment maso de s'amouracher du Porteur de Lumière. Celui-ci recula encore. Alors que toute sa tristesse s'agita en lui, ses pouvoirs lui échappèrent. Des rayons enflammés surgirent et allèrent frapper les vitres. Des morceaux de glaces se formèrent à partir de l'humidité de l'air et explosèrent. La magie du Porteur de Lumière n'était pas assez développée pour créer de réels dangers, mais c'était tout de même assez impressionnant pour quelqu'un d'un peu impressionnable. Alec se prit la tête entre ses mains. Un long moment passa.

Quand il releva la tête, toutes traces de larmes avaient disparu. La révélation avait passé. Ses yeux brillaient de haine. La douleur et le chagrin avaient disparu. Pendant un moment, il regarda Loeïza, chargé de mépris. Violemment, il balaya une coupe en métal, projetant tout son contenu par terre. La coupe s'écrasa sur le sol dans un affreux bruit de métal qui sonna comme un glas dans l'âme du jeune écuyer. La respiration précipitée, le Porteur de Lumière reporta son regard sur la jeune fille :

-Et tout ça, ça crains !

Avec tout le mépris, toute la haine, comme était le vrai Alec d'Emeraude. Il tourna les talons et quitta les bains en claquant violemment la porte.

Alec marchait sans vraiment marcher vers un lieu pour l'instant inconnu de lui-même. Ses vêtements trempés laissaient d'énormes flaques derrière lui mais il s'en fichait. Si le plancher attrapait froid, il n'avait qu'à s'activer un peu ! Alec tangua légèrement dans sa marche funèbre et se prit ainsi plusieurs meubles. De gros bleus en prime, c'était décidément sa journée. Alors que mine de rien il se dirigeait vers l'escalier en colimaçon, il sentit une force invisible lui enserrer la taille. Furieux, Alec se sentit traîner en arrière. Il se débattit pour échapper à cet emprise mais il glissa inexorablement vers l'arrière. Le Porteur de Lumière haussa les épaules et croisa les bras en attendant que cette force veuille bien le laisser. Puis enfin il pivota et eut l'énorme surprise de se retrouve face à des yeux bleus brillants de chagrin. Loeïza encore et toujours. Ses traits étaient tirés et quand elle parla, sa voix fut emplie d'une tristesse infinie et rauque comme si on avait frotté sa voix contre une râpe à fromage :

-Alec, aimer, ça s'apprend pas, c'est naturel, normalement.

Pas pour Alec. Il ne pouvait pas..il ne savait pas...jamais personne ne le lui avait dit...c'est bon d'aimer, mais c'est meilleur d'être aimé. Dans le cas du jeune garçon, ni l'un ni l'autre ne s'appliquait à lui. Et c'était douloureux. La jeune fille baissa la tête et une larme roula d'un oeil. Ennuyé, Alec se mordit la lèvre. S'ils continuaient comme ça, ils allaient tous les deux se noyer. Alec serra les dents et leva les yeux au ciel. Il était un monstre. Un être mi-démon mi-monstre. D'une union sans amour. S'il était un monstre, pourquoi avait-il reçu des sentiments humains ?! Hein ?! c'était injuste. Il avait une conscience humaine mais n'avait pas le droit de s'en servir. Il ne devait que souffrir et regarder les autres aimer. Il soufrait, continuellement, sans relâche. Il devait s'adapter ou déprimer et mourir. Il n'avait pas le choix. Il n'y arriverait jamais. Il ne pouvait pas. Il avait trop peur. Beaucoup trop peur. En attendant, Loeïza continuait de pleurer. Et Alec ne pouvait que regarde. La jeune fille hoqueta et reprit la parole :

-J'en peux plus, je comprends pas, je comprends pas ce qui se passe, pourquoi moi? Pourquoi toi? J'en sait rien. Je suis désolé pour toi, que tu ne ressente rien, qu'on ne t'a jamais démontré que tu pouvais aimer, au moins apprécier quelqu'un. Mais je veux qu'il y ai au moins quelque chose d'amical entre nous.

Sur ce, elle se jeta à son cou, son corps se serrant contre le sien, ses bras noués autour de son cou. Sous le choc brutal, Alec vacilla légèrement mais il tint bon. Loeïza le serrait contre lui. La première étreinte que le jeune Porteur de Lumière connut. C'était..étrange...il avait l'impression qu'il pourrait tomber, que ça ne ferait rien, que Loeïza le retiendrait. Mais c'était terriblement douloureux en même temps. Alec ne referma pas les bras sur la jeune fille. Comme si elle serrait un bout de bois dans ses bras. Un long moment passa puis finalement, le jeune Porteur de Lumière se dégagea doucement. Il recula.

-Je ne pense pas que...je comprend pas....tu sais, on est pas obligé de vivre avec son âme soeur...tu devrais...tu devrais m'oublier et puis...tu devrais rencontrer quelqu'un d'autre, un garçon que tu pourras épouser quand tu seras plus grande. Un garçon normal, un garçon avec qui tu pourras avoir des enfants...des vrais enfants, pas des monstres en puissance...

Puis, dans une faible tentative d'humour, il ajouta :

-Ou une fille, je ne sais pas...

-Pourquoi toi, pour moi...pourquoi nous, je ne sais pas...Et...je ne veux pas d'amis...j'en ai pas besoin !

Alec regarda par dessus la tête de Loeïza. Finalement, après un long moment, sa voix brisa le silence. Une voix sèche, hargneuse, agressive, bref, la voix d'Alec d'Emeraude. Sa voix claqua comme un fouet.

-Bonne nuit.

La nuit était à 5h du moment présent. Mais Alec avait un peu du mal à aligner ses pensées. Il recula puis tourna les talons avant de disparaître dans les dédales du château, tel le monstre disparaissant dans la nuit...Une fumée noire insaisissable, un feu indomptable...